2002 La ville face aux grands investissements

Synthèse Journée d’Étude AdP

du vendredi 6 septembre 2002

LA VILLE FACE AUX GRANDS INVESTISSEMENTS
Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Marne la vallée
Document préparé par Rachel Ayache sous la direction de François Noisette,
jean-Emmanuel Cornu et Françoise Reynaud – Bureau de l’ADP

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Synthèse et recommandations de l’AdP

Aucune ville ne se développe sans grands investissements publics ou privés, dont le rôle est déterminant dans la structuration de l’espace urbain. Les autorités locales, soucieuses de développer l’emploi, cherchent de plus en plus à saisir les opportunités de développement économique et à attirer les investisseurs privés.

Pour réussir l’insertion de ces projets dans le tissu urbain, quelles sont les stratégies d’aménagement déployées par les responsables locaux ? Disposent-ils de moyens d’action adéquats ? Quelles sont les « bonnes » pratiques en vigueur ? Bernard Ecrement, en introduisant le débat, a situé l’importance des enjeux et rappelé que face au développement mondial des investissements, et à l’ère de la communication globale, les responsables des territoires se voyaient, sur le plan local, investis de responsabilités nouvelles : négociation avec les investisseurs, information des populations, intégration des projets dans la stratégie d’aménagement de la ville.

Felipe Starling, impliqué étroitement avec Aéroports de Paris dans la construction de l’opéra de Pékin, a montré que la réalisation de ce projet initié il y a quarante ans, et qui avait connu beaucoup d’avatars, n’aurait pu être menée à bien sans une redéfinition des responsabilités dans la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre.

Vincent Piron a décrit le parcours inhabituel du groupe Vinci pour mettre en place la concession de l’aéroport de Siem Reap, destiné à la desserte aérienne des temples d’Angkor. Pour assurer la viabilité économique du projet, il a été amené, chemin faisant, à déborder du cadre strict du projet initial et à participer à la définition et à la mise en oeuvre d’une véritable stratégie d’aménagement régional.

Charles Goldblum, à travers une analyse des grands projets en Asie du Sud-Est, a observé que les investissements privés pouvaient aller jusqu’à la réalisation de véritables villes nouvelles. Ces grands projets qui semblent avoir résisté à la crise, du moins dans les pays émergents, ne manqueront pas d’avoir un impact durable et déterminant sur le développement urbain.

Edouard Vignal, en décrivant avec précision les mécanismes d’implantation des centres commerciaux, a montré l’intérêt pour l’investisseur d’une bonne articulation avec les autorités locales. Il a rappelé qu’il revient à ces dernières de définir la règle du jeu. Bien conduite, la négociation peut s’avérer fructueuse et permettre de prendre en compte les contraintes d’aménagement et d’aboutir en définitive à une bonne insertion du projet. Cela implique que les responsabilités soient claires et pleinement exercées de part et d’autre.

Les études de cas concernant le centre commercial du Kremlin-Bicêtre ou les marchés de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso illustrent la diversité des montages d’opérations et soulignent le rôle charnière du maire ou du bailleur de fonds pour mobiliser tous les acteurs concernés, ainsi que l’importance d’une bonne maîtrise d’ouvrage.

Oumar Santara et Henri Chabert ont apporté la confirmation que l’événement créé par une manifestation internationale (sportive, culturelle, politique) pouvait être un moyen privilégié de réaliser de grands équipements mais aussi de mobiliser la population et les acteurs économiques et de contribuer ainsi à améliorer durablement le fonctionnement des services urbains. L’exemple de la Coupe africaine des Nations à Ségou, au Mali, abordé par Oumar Santara, et celui du G8 à Lyon, donné par Henri Chabert, en ont apporté une convaincante illustration.

Georges Mercadal a insisté sur l’importance d’un pilotage unique du côté de la collectivité, l’Etat ne jouant plus qu’un rôle de facilitateur. C’est l’élu local qui, en France, joue désormais un rôle central et irremplaçable, pour définir une stratégie, informer la population, négocier, mobiliser les différents acteurs ou investisseurs, bref trouver des solutions réalistes qui permettent d’apprendre à « faire marcher les gros éléphants avec les petits éléphants ».

Les interventions de la journée du 6 septembre 2002 ont ainsi souligné l’importance des enjeux qualitatifs, pour les investisseurs aussi bien que pour la ville et ses habitants, des stratégies de mise en cohérence des actions de tous les partenaires. Il est clairement apparu que la conduite des projets, leur gestion d’amont en aval commandaient la bonne intégration des projets.

Deux idées-forces ont émergé avec insistance au cours de cette journée.

Tout d’abord, l’importance de l’événementiel comme vecteur possible de développement économique et d’aménagement urbain. Cela implique une mobilisation de tous les acteurs concernés pour créer une dynamique autour de l’événement : élus, administrations, population, investisseurs. Cela nécessite aussi une vision à plus long terme et une stratégie adéquate pour capitaliser sur l’événement, développer des synergies, trouver des solutions pérennes pour éviter que la réalisation d’équipements parfois mal calibrés se révèle dispendieuse ensuite pour la collectivité. L’accent a également été mis sur le pilotage unique des opérations. Le rôle du maire est désormais incontournable mais on a pu observer aussi que les bailleurs de fonds jouaient souvent un rôle de substitution déterminant, que d’aucuns pourront juger excessif. Quoi qu’il en soit, un renforcement de la maîtrise d’ouvrage est apparu à tous égards nécessaire.