Bulletin n°115

Les communs urbains

Les communs urbains
Visite guidée par les habitants du Caño Martín Peña, Porto Rico, pour un groupe international de spécialistes des questions urbaines, invités par World Habitat après que le CLT a gagné le Prix mondial de l’habitat en 2016. PIERRE ARNOLD © FÉVRIER 2017

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Éditorial

Une nouvelle fois, le bulletin Villes en développement consacre un numéro aux communs, sujet très étudié depuis quelques années. En effet, nous l’avons déjà abordé en novembre 2016, avec le thème villes collaboratives et communs (n° 104), puis en octobre 2019, dans le n° 112, consacré à la ville par le bas. Ce sujet nourrit de nombreux espoirs d’innovation pour répondre à de multiples enjeux urbains auxquels les gouvernants nationaux peinent à répondre. En même temps, sa compréhension n’est pas toujours effective. De l’espace ou service commun à l’espace ou service public, voire du participatif aux communs, le sujet recouvre des réalités différentes.
Une nouveauté désormais, en complément du thème retenu, le bulletin ouvre ses colonnes à la libre parole des partenaires. Ainsi, l’AFD, avec l’ADEME et la BEI, traitent de l’économie circulaire et de son apport à la transition écologique. Elle entre en résonance avec les communs, éminemment liés à la préservation des ressources naturelles.

La diversité des articles de ce numéro témoigne du champ très large des communs, que nous avons voulu visiter dans toutes les géographies. Sur le logement, Claire Simonneau et Éric Denis énumèrent les points clés soulevés par la mise en œuvre et la vitalité de communs. Après son intervention lors d’un ApéroRex ADP en 2021, Pierre Arnold, d’UrbaMonde, présente le cas du community land trust de Porto Rico. Il s’agit de neutraliser la valeur foncière afin d’interdire la spéculation, responsable du mal logement.

Émilie Maehara du FMDV témoigne d’une autre expérience, celle des organismes de foncier solidaire dont l’ambition est de répondre à la crise du logement en Europe.
Sylvain Saudo interroge la possible évolution d’un projet participatif en bien “commun” à Ouagadougou, via un partenariat entre les acteurs publics et privés et la population. La pérennité d’un équipement public passe par une gouvernance partagée. Dans le même esprit, Marie-Jeanne Hautbois relève les difficultés de (re)connaissance des écoles communautaires du sud d’Haïti par les acteurs gouvernementaux. Ceux-ci mettent en œuvre des projets de développement internationaux (Banque mondiale) qui concurrenceraient de fait les initiatives des habitants.
En tant que géomètre et géographe, Pierre Clergeot souligne l’importance du cadre légal pour le développement des communs, à travers le cadastre et son initiation au début du XIXe siècle en France.

Au-delà de la démarche alternative, les communs ne peuvent trouver une réponse dans le temps long que si le cadre légal national les permet et s’ils sont reliés aux cultures des territoires concernés. La gestion partagée étant une condition de leur réussite, leur acceptation par les deux parties, les usagers et les gouvernants, est nécessaire pour qu’ils émergent et perdurent.