De Vancouver à Nankin, la présence multiforme française à Nankin, quels messages faire passer ?
Mardi 27 mai 2008 au Palais du Pharo à Marseille
Organisé conjointement par AdP Villes en Développement
et l’AGAM avec l’appui du Club FNAU International
Claude Vallette, élu de Marseille, Président délégué de l’AGAM, ouvre la soirée par un mot de bienvenue aux participants présents à ce dîner qui se déroule dans l’un des salons du Palais du Pharo, face à la mer.
Claude Jamati, Président d’AdP Villes en Dvelopement, remercie Claude Vallette de la qualité de l’accueil de la ville de Marseille dans ce « lieu magique » et de l’organisation assurée par l’AGAM.
Il se félicite de la diversité des participants au dîner (Ville de Marseille, Ministère des Affaires Etrangères, Banque Mondiale, FNAU et Agences d’urbanisme, ISTED, Dexia, consultants…).
Il propose que ce dîner-débat d’AdP contribue à la préparation de la présence française « Vorld Urban Forum de Nankin »
Il part du constat que la représentation française à Vancouver était très discrète et dispersée face à une majorité de participants anglo-saxons.
Il présente Marcel Belliot (Délégué Général de la FNAU) et Nicolas Buchoud (architecte-urbaniste/Conseiller au Cabinet du Président de la Région Ile de France, animateur du réseau Global Planner network et responsable de l’action internationale de la SFU), les deux intervenants principaux de la soirée, mais aussi Olivier Mourareau du MAE et Rémi Stoquart (mis à disposition par la Région Ile de France), très impliqués dans la préparation du forum de Nankin, auprès du MAE sur ce sujet.
Marcel Belliot rappelle la volonté du réseau des Agences d’urbanisme de travailler plus à l’international avant de résumer le forum urbain Vancouver, dernier forum 2006 avant celui qui aura lieu en novembre à Nankin :
Les 51 Agences d’urbanisme comptent 1 600 professionnels dont une quinzaine travaillent à l’international (certaines récemment, d’autres depuis 30 ans comme l’IAURIF).
La FNAU est convaincue que l’importance de l’international et la grande vague d’urbanisation que connaît le monde (de 3 milliards aujourd’hui à 5 milliards d’urbains en 2030) appellent un changement culturel de la part des Agences dont certaines sont difficiles à convaincre de se lancer à l’international.
Le réservoir d’expertise des Agences est insuffisamment mobilisé à « l’international », et pourtant l’international présente de plus en plus un « grand marché d’études ».
A l’heure de la montée en puissance des collectivités et de la coopération décentralisée, alors que l’Etat et l’AFD cherchent à mieux coordonner leurs approches de coopération très différentes (gouvernance démocratique et projets d’infrastructures), les Agences d’urbanisme disposent de réels atouts pour exporter à l’international :
· elles s’appuient sur leurs collectivités respectives,
· et font le lien entre l’approche institutionnelle, (dont la gouvernance), et les approches techniques transversales.
André Rossinot, Président de la FNAU et Marcel Belliot comptent sur l’élection prochaine du nouveau bureau de la FNAU pour proposer le développement de l’international comme l’un des grands objectifs futurs de la FNAU.
Marcel Belliot évoque ensuite le forum de Vancouver où seuls 8 français étaient présents sur un total de près de 10 000 participants, avec bien sûr une écrasante majorité de professionnels anglo-saxons.
Sur les 8 français présents en 2006 à Vancouver, 4 participent au dîner-débat d’ AdP :
– Olivier Morareau du Ministère des Affaires Etrangères, Rémi Stoquart de la Région Ile de France, Nicolas Buchoud et lui-même.
« Nankin doit être différent de Vancouver » et le Ministère a donc décidé d’organiser une vraie délégation porteuse de messages représentant l’ensemble des acteurs français en urbanisme.
Selon Marcel Belliot, Vancouver marque le retour au premier plan des questions urbaines notamment par :
· La pleine reconnaissance par les bailleurs des vertus du développement urbain (enterrant définitivement le théorie de « biais urbain »
· La pleine reconnaissance de l’importance du rôle des professionnels dans l’organisation et l’amélioration du développement urbain au côté des élus
· « L’avènement » « du new urban planning », mouvement général de retour au terrain.
Claude Jamati passe ensuite la parole à Nicolas Buchoud, très présent dans les conférences internationales d’urbanistes et très au fait des mouvements en cours.
Selon Nicolas Buchoud, le mouvement d’urbanisation crée dans le monde un « besoin de villes » et un besoin de professionnels pour les concevoir et les gérer.
A Vancouver, il a été frappé par la forte présence des anglo-saxons et par le passage de la voix des ONG auprès des Etats à la voix des professionnels.
La déclaration de Vancouver a été signée par 24 fédérations d’urbanistes dans le monde et « l’urban governance network », réseau des réseaux, fera une présentation à Nankin.
Pour ce qui concerne l’Afrique, se développent :
· d’une part les réseaux anglophones « Planning Africa » marqués notamment par la signature de la déclaration de Durban lors d’un séminaire en Afrique du Sud, signée par 6 associations d’urbanistes,
· d’autre part les réseaux d’urbanistes d’Afrique francophone (Algérie, Maroc, Cameroun, Sénégal, Mali) réunis notamment en novembre 2007 lors des journées mondiales de l’urbanisme à Yaoundé.
L’intérêt des réseaux d’urbanistes, selon N. Buchoud est de se tenir à jour dans les échanges méthodologiques pour partager les meilleures méthodes.
Selon lui, les 140 000 professionnels mondiaux de l’urbanisme n’ont ni les concepts ni les outils adéquats pour faire face aux effets des transformations démographiques dans les villes du monde dans les 20 ans. Cette incapacité à résoudre la question urbaine présente et future avec nos outils actuels interroge y compris la coopération décentralisée.
Olivier Mourareau, de la sous-direction de la gouvernance démocratique de la DGCID (Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement) a pris en charge la préparation du forum urbain de Nankin, avec l’appui de Rémi Stoquart mis à disposition par la Région Ile de France auprès du MAE sur ce sujet et avec l’appui de l’ISTED en matière de coordination et de logistique (dont stand français et évènements parallèles).
Le MAE a mis en place un groupe de travail urbain à l’été 2007 réunissant des acteurs de l’urbain (30 à 40 personnes : CUF, AMGVF, AIMF, FNAU, ADF, ARF, CGLU. Metropolis, ADEME…) en vue de regrouper des recommandations dans un document d’orientations stratégiques. Ce document sera présenté en juillet et sera diffusé lors du forum.
Olivier Mourareau a par ailleurs transmis et soumis à ONU-Habitat (initiateur du forum urbain de Nankin) les projets de communication émanant de plusieurs acteurs français : AMGVF – ADEME.
Le Ministère souhaite mettre en place un « partenariat pour les villes » sachant que les professionnels français ont un potentiel à faire valoir, notamment la forte présence de la maîtrise d’ouvrage publique, ce qui nous différencie des pratiques anglo-saxonnes.
ONU-Habitat voudrait en fait, lors du forum urbain intitulé « la ville harmonieuse », mettre en avant le rôle du secteur privé comme acteur majeur des villes et mobiliser les grands groupes publics.
Rémi Stoquart, qui a d’ailleurs travaillé à ONU-Habitat juge que le challenge est de faire fonctionner un vrai réseau de professionnels français avant, pendant et après le forum urbain.
Il pense indispensable que la France dispose d’une vraie délégation, organisée, qui place un maximum d’interventions dans les tables rondes, comportant des messages forts. Il juge encore réaliste de mobiliser un ministre ou des représentants de grandes collectivités locales (Michel Destot pour l’AMGVF, Bertrand Delanoë pour CGLU ? JP. Huchon pour Metropolis ?…) et annonce que Georges Cavaillie (Institut des Villes) qui avait piloté la délégation française à Istanbul, est disposé à s’impliquer pour renforcer la délégation française à Nankin coordonnée par Yves Dauge.
Claude Jamati propose alors aux autres participants de s’exprimer.
Patrice Berger de l’Agence d’urbanisme de Lyon, copilote du Club FNAU International, souligne des spécificités des pratiques françaises en urbanisme qui peuvent alimenter des messages forts portés par la délégation, dont l’importance vient d’être soulignée par Rémi Stoquart :
· Les collectivités locales et leurs maîtrises d’ouvrages fortes, ensemblier des développements urbains publics comme privés…
· La transversalité et la cohérence des politiques publiques, objet de la communication proposée au forum par l’AMGVF
· L’intercommunalité
· La qualité urbaine
· L’existence du réseau des Agences d’urbanisme (outil qui a peu d’équivalent dans les autres pays
· Le caractère unique de la coopération décentralisée
Et suggère de bien identifier ces spécificités pour argumenter des messages de la délégation.
N. Buchoud ajoute à cette liste les compétences reconnues des français en matière de réseaux : transports urbains, eau, assainissement…, mais il souligne cependant le retard qu’ont pris les français… A titre d’exemple, la coopération japonaise produit beaucoup plus et dispose de méthode et de concepts bien « supérieurs » à ceux de la coopération française.
Gilles Pipien de la Banque Mondiale souligne l’importance de la présence française à Nankin, présence qui pourra aussi s’exprimer lors du 5ème symposium mondial qui aura lieu à Marseille en juin 2009 sur le sujet du changement climatique. Il ajoute que ce symposium bénéficiera d’un volet sur la recherche urbaine en Méditerranée dans lequel il convient de développer un réseau francophone des villes de Méditerranée où les français pourraient largement s’exprimer.
Christian Brunner, directeur de l’AGAM, souligne l’importance de l’expression des urbanistes français déjà à l’échelon européen, notamment pour une meilleure prise en compte des enjeux urbains par l’Union Européenne.
Nicolas Buchoud lui répond que la charte de Leipzig, à laquelle les français ont largement participé, résume bien les principes communs partagés par les villes européennes.
NB. L’organisation de la 8ème biennale des villes et urbanistes d’Europe à Nancy en 2009 sera aussi une bonne occasion pour que les urbanistes français s’expriment.
Clémentine Tribouillard du Bureau d’Etudes Urbaconsulting précise qu’ils travaillent beaucoup à l’international mais n’exportent pas particulièrement les pratiques françaises de l’urbanisme.
H. Dugeny, directeur de l’Agence d’urbanisme de l’Ile de France (IAURIF) rappelle que l’IAURIF est présent dans les réseaux d’urbanistes (dont le COFUHAT, Métropolis dont le Président est JP. Huchon) depuis plus de 30 ans et que l’un des enjeux est de mieux positionner encore les grandes collectivités françaises.
Sarah Abric de l’AMGVF rappelle que leur prochain congrès a lieu en septembre 2008 et portera notamment sur la réalité de la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne et la stratégie de Goteberg.
Michèle Reynaud, directrice des relations internationales de la ville de Marseille, précise que les questions urbaines sont au cœur des préoccupations du réseau CGLU.
La commission Méditerranée de CGLU souligne l’importance de ces questions urbaines et c’est notamment le sujet du prochain forum des collectivités qui se tiendra les 22 et 23 juin prochains à Marseille.
Louis Lhopital de l’ISTED rappelle une contribution forte pour Nankin : le livre « Ville en devenir », initiative conjointe du MAE et de l’ISTED, qui sera traduit d’ailleurs en anglais et en chinois.
Francis Ampe souligne la difficulté des français à s’organiser à l’international, ce que font mieux les anglo-saxons. Les français sont meilleurs en face à face (cf. coopération décentralisée). Il note que Georges Cavaillié peut apporter beaucoup sur la meilleure façon de s’exprimer dans ces conférences internationales et de se faire entendre.
Il souligne aussi l’importance de la formation des professionnels de l’urbanisme dans le monde. Les français doivent être présents sur ce sujet.
Conclusion
Claude Jamati remercie les orateurs et tous les participants et espère que ce débat, dont AdP Villes en Développement a pris l’initiative, aura apporté une contribution à la préparation du forum urbain de Nankin.
Il remercie notamment Olivier Mourareau de son implication pour constituer et coordonner une vraie délégation française organisée à Nankin. Beau challenge !…
Patrice Berger – Membre ADP – Club FNAU International
Directeur des Activités internationales
Agence d’urbanisme de Lyon