Les Mondes urbains Le parcours engagé de Françoise Navez -Bouchanine

Belle hommage à une grande dame, disparue après une longue épreuve, que j’ai eu la chance de croiser à quelques reprises.

Les Mondes urbains Le parcours engagé de Françoise Navez -Bouchanine – Sous la direction d’Agnès Deboulet et Michèle Jolé Ed Karthala, 2013

Françoise Navez-Bouchanine circula ainsi dans une pluralité de mondes, en variant ses engagements professionnels : monde de la recherche, de la transmission, des études, de la consultante, du conseil, du projet. Son parcours est exemplaire d’« une sociologie partie-prenante » telle qu’elle l’a théorisée ou de celui de « chercheur-engagé », de « militant de la réforme urbaine ».
La richesse et la diversité des contributions font ici écho à ce parcours emblématique. On y trouvera des articles de chercheurs et de praticiens sur l’urbain dans des pays tels que le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, la Turquie ou la France, le Canada et l’Italie. Ces auteurs sont issus de différentes générations (compagnons de pensée, d’action et de vie, des plus jeunes qui poursuivent l’exploration de ses idées et de ses convictions). Les formes variées de témoignages, d’analyses empiriques et théoriques, de mise en perspective comparative confirment la pluralité des entrées.

Agnès Deboulet est professeur de sociologie à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et chercheur au Centre de Recherches sur l’Habitat, UMR Lavue. Ses travaux portent sur les dimensions urbaines de l’internationalisation et les vulnérabilités résidentielles en France et au Moyen-Orient, mais aussi sur les formes d’implication citadine. Elle a édité le dernier ouvrage coordonné par F. Navez-Bouchanine, Effets sociaux des politiques urbaines, Karthala, 2012.
Michèle Jolé, sociologue-ethnographe, est chercheur associé au LAVUE (CNRS) et a travaillé de nombreuses années sur les villes du Maghreb (planification urbaine, services publics (ordures ménagères, eau potable, propreté). Ses recherches portent actuellement sur les espaces publics, usagers et service public (à Paris, jardins publics, canal Saint Martin, bancs publics…).

Quel rôle un chercheur peut-il se donner face à l’urbanisation accélérée ? Comment interroger ou accompagner des politiques urbaines et de lutte contre la pauvreté, souvent défaillantes ? C’est à ces questions que s’est confrontée Françoise Navez-Bouchanine dans ses nombreux ouvrages et engagements consacrés aux mondes urbains. Sociologue, formée en Belgique, elle a été une observatrice attentive, obstinée et exigeante des transformations contemporaines dans les villes du Sud et surtout au Maroc – où elle a vécu une grande partie de sa vie – sans négliger le Nord. Elle s’est particulièrement intéressée aux quartiers populaires, aux bidonvilles, à l’habitat « clandestin », à ces espaces à « faible légitimité » selon l’expression de son maître Jean Rémy, à leurs habitants, à leurs pratiques, à leur place dans les projets d’aménagement dont elle a analysé avec une acuité critique les volontés de mise à la norme systématisée.