PV Apéro Rex – 4 juillet 2022

Présentation par Médard DAHODO
Modération par Michel CARON

Le projet est financé par :

  • Agence de l’Eau Seine Normandie (France)
  • Cofinancement du Royaume des Pays Bas via la coopération Nerlandaise (SNV) au Bénin

Montant : 222 000 € sur trois ans.
Possibilités de renouvellement : [Oui]

But : Limiter l’écoulement des eaux vers les zones inondables, particulièrement celles urbanisées. Ce faisant, disséminer un savoir-faire qui serait absorbé par la population (surtout agricole) et de façon pérenne. Un des objectifs liés à la pérennisation est de montrer comment cela peut se faire tout en augmentant le rendement des terres agricoles en combinaison avec d’autres opportunités. (ex : pisciculture dans des bassins de rétention, réserves pour fins d’irrigation…)

Des problèmes techniques ont retardé de 43 minutes le début de la présentation: Merci à ceux qui ont patienté.
La présentation elle-même s’est déroulée sur 45 minutes et trois questions ont pu être posées dans l’heure et trois quarts de l’évènement.

Discussion contextuelle sur le phénomène des inondations dans le bassin de l’Ouémé au Bénin :

  • Bassin de l’Ouémé = 41 % du territoire national. Tombe sur 48 communes.
  • Deux saisons humides dans le Sud, combinées à une saison humide dans le nord.
  • Les eaux convergent vers le seul lit du fleuve Ouémé pour inonder toutes les terres et les territoires urbanisés en aval.
  • L’Océan contribue avec sa montée des eaux, particulièrement par les hautes marées, à faire écran pour empêcher l’écoulement des eaux, aggravant ainsi les inondations dans la basse et moyenne vallée de l’Ouémé.
  • Le risque des inondations augmente donc, dû au changement climatique. Les pluies sont
    devenues plus imprédictibles.

De là :

  • Choix de l’opérationnalisation de l’approche de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) et la mise en œuvre de Solutions fondées sur la nature (SfN) à travers le projet dénommé GIRE SfN Ouémé.
  • Projet décliné en trois composantes à savoir : la connaissance et la gouvernance de la GIRE au niveau local, la mise en oeuvre pratique de solutions concrètes fondées sur la nature et la diffusion des résultats obtenus (Conférences, visite d’échange, transfert de compétences) et la diffusion d’un mécanisme pérenne de payement pour services écosystémiques (PSE).

Des activités concrètes ont été mises en œuvre pour atteindre le but fixé :

activités concrètes

  • Projet mise en œuvre suivant trois échelles pour différents buts : échelle de bassin versant (contact avec le Comité du bassin de l’Ouémé (avec unités locales réunies pour impliquer tous les habitants concernés) ; échelle de sous-bassin (élaboration de document de planification et gestion du risque d’inondation) ; et, échelle d’unité hydrologique (bassin versant de petite rivière locale) pour des actions de démonstration.

Actions concrètes réalisées :

  • Femmes impliquées dans la sensibilisation
  • Action agricoles : Cordon pierreux, demi-lunes, pleine lune, plantes de couverture, jachère, plantation d’arbres pour éviter le lessivage de l’amont à l’aval. On obtient un meilleur rendement et une restauration des terres agricoles.
  • Pratique du Zaï : Matrices de formations creusées dans le sol qui occasionnent la rétention de l’eau au pied des cultures.

Pour ce faire, des poquets (trous dans la terre) de 25 cm de diamètre et 20 cm de profondeur ; 90 cm entre eux sont creusés. On met de la matière animale et végétale. On y met la semence de choix. Ensuite il reste des petits trous qui permettent à l’eau de mieux s’infiltrer dans le sol tout au long de l’année. Nécessite un investissement supérieur au départ mais le rendement est amélioré et sur trois ans au moins, il n’a plus besoin de renouvellement.

Banalement sur un 1Ha, 500 m3 d’eau piégée s’infiltre dans le sol dans une année. L’eau tombée lors d’une pluie peut rester jusqu’à deux semaines dans les poquets sous forme de boue. La technique est démontrée et adoptée par les communautés, puisque l’approche Zaï relève d’une pratique ancestrale des pays Sahéliens (Niger, Mali, Burkina fasso).

Parlant de la Gouvernance de l’Eau

  • Mise en œuvre de comités au niveau des petits ruisseaux. « Comités communautaires de l’eau – CCE ».
  • Organisation des comités communautaires entre eux : Comités intercommunautaires de l’Eau. Donc : les communautés en aval communiquent à celles en amont, une logique collaborative s’installe.

Pour le compte du projet :

actions concrètes

  • Certaines activités pourront générer des bénéfices financiers / économiques.
  • L’action a ainsi permis le renforcement de capacité pour une meilleure connaissance de la GIRE pour les personnes qui ne connaissent pas les conséquences en aval pour d’autres.

Des freins à la mise en œuvre :

Problèmes fonciers nécessitant des démarches pour obtenir le consentement des propriétaires terriens avant tout aménagement ; ce qui est parfois compliqué car certains s’y opposent farouchement.

Problème de changement climatique : quelquefois il ne pleut pas et les gens cessent de croire à l’efficacité des mesures agro-hydro-régulatrices promues par le projet pour lutter contre les ruissèlements et les inondations futures, avec tant d’efforts et sans résultats. La pratique du Zaï a quand même montré un bon résultat sur 5 hectares de démonstration après une année de mise en œuvre.

Durée de projet assez court : Trois années contractuelles pour le projet. Il se pose donc une question de visibilité, qui est importante pour une mise en œuvre plus large dans d’autres parties plus importantes du bassin de l’Ouémé. Il y a alors besoins d’autres appuis en plus de celui de l’agence dans le cadre de son programme d’aide international (dans les 1% du budget selon la loi OUDIN Santini).

Des leviers pour mieux faire dans le futur :

Associer les mairies à la mise en œuvre du projet pour qu’elles mettent en vigueur des arrêtés municipaux sur les 25 m de part et d’autre des rives des cours d’eau qui sont d’utilité public.

Rechercher des co-financements pour concrétiser un passage à l’échelle de l’action pilote entamée (4M€ sont nécessaires pour complémenter ce projet à l’échelle des besoins actuels estimés) sur l’ensemble du bassin de l’Ouémé.

Mais des actions sur le bassin du Hlan (abritant les villes d’Abomey, de Bohicon, et la plus grande forêt marécageuse du Bénin) nécessitent au moins 1M€ (rechercher d’autres cofinancements pour la mise en œuvre).

leviers

Questions :

Fr Noisette : Démarches analogues dans des contextes urbains ou périurbains ?

MC : Quels moyens de mettre les acteurs en avantage économique pour pérenniser les actions déjà concertées et mises en pratique ?

MC : Sens du gouvernement pour prendre en main la pérennité de ces actions ?

Réponses :

  1. Il n’y avait pas eu dans le passé un projet typiquement SfN dans le pays pour lutter contre les inondations, la première consiste en cette initiative française (AESN). Néanmoins il y a d’autres projets et programmes qui vont dans le sens des inondations en milieu urbain (Cotonou) et périurbain (Abomey-Calavi, Sèmè, Ouidah, etc) dont le OmiDelta (Royaume des pays bas), PUGEMU (Banque mondiale) etc.
  2. Sur unité de mesure pour les travaux agricoles (400 m2): 12 € au moins pour préparer le sol par an avec des pratiques différentes du zaï agricole, mais la pratique du Zaï ne nécessite que 5-6 € et utilisable pour trois ans sans demander un renouvellement complet. Le billonnage par exemple tend à l’assèchement des terres. Les terres étant restaurées, les enfants pourront bénéficier plus tard des actions d’aujourd’hui. Concernant les surcreusements : ils servent à garder l’eau pour les saisons sèches pour favoriser la pisciculture, l’irrigation etc.
  3. Implication de la Direction générale de l’Eau et du Comité du Bassin de l’Ouémé à la mise en œuvre du projet. Donc le gouvernement est informé de l’action et prendra des initiatives pareilles pour perpétuer l’action.

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