Apéro-ReX n°3, avril 2021

Vidéo-conférence, 27-04-2021

 

Thème

La résilience des quartiers informels du Grand Ouagadougou (Burkina Faso)

Présents

Danielle BARRIS, Patrice BERGER, Michel CARON, Jérôme CHENAL, Karen LEVY, Louis LHOPITAL, Tristan MOREL, Emmanuel PARENT (animateur), Jacques TIENDREBEOGO (intervenant)

Merci !

Points-clé

  1. Jacques TIENDREBEOGO a présenté, pendant une vingtaine de minutes, la situation des quartiers non lotis de la commune de Ouagadougou et des 7 communes rurales périphériques formant avec elle le Grand Ouaga. Les participants ont ensuite pu lui poser certaines questions et échanger entre eux sur la maîtrise de l’urbanisation dans cette capitale, l’accès aux services essentiels et les politiques publiques étatiques et communales d’aménagement.
  2. Dans les quartiers non lotis de ces communes périphériques, les dynamiques communautaires restent fortes pour conduire des actions collectives et des aménagements permettant de faire face à l’absence d’intervention des pouvoirs publics (balayage, nettoyage, caniveaux de drainage des eaux pluviales…). L’installation d’habitants dans des zones peu propices à l’urbanisation, non desservies par les services publics essentiels (voirie, électricité, eau, réseaux de drainage…) perdure, comme dans la majorité des grandes villes d’Afrique subsaharienne. La situation n’est pas nouvelle et ne s’améliore pas, dans un contexte de forte croissance démographique et de faiblesse des capacités de maîtrise d’ouvrage locales pour planifier et organiser le développement urbain. Sans évolution majeure dans les politiques de mobilisation des ressources financières, et singulièrement celles qui devraient être tirées du foncier, encore très largement sous exploitées (taxes foncières, taxes d’habitation, taxation des plus-values), cette situation perdurera.

Synthèse de l’intervention

Jacques TIENDREBEOGO est un jeune professionnel, adépien depuis 1 an. Il est né à Ouagadougou et y a vécu jusqu’à y passer son bac, avant d’aller étudier à l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme à Lomé puis pour un deuxième Master 2 à l’Institut d’Urbanisme de Grenoble. Il a eu des expériences de travail au Burkina Faso, au Cameroun, en Tunisie et en France. Il a travaillé dans sa ville d’origine dans le cadre de stages aux services techniques de la Mairie de Ouagadougou ainsi qu’à l’Agence Municipale des Grands Travaux au sein du Projet d’Amélioration de la Mobilité à Ouagadougou.

Il présente, à travers quelques diapositives, la situation institutionnelle du grand Ouagadougou puis l’évolution en surface et en population des quartiers non lotis depuis 1992. Il présente ensuite quelques exemples d’organisation des populations pour faire face à certains problèmes quotidiens affectant leur vie quotidienne dans ces quartiers dépourvus d’infrastructures publiques. La situation y est particulièrement difficile en saison des pluies.

La capacité des populations à s’organiser n’est pas nouvelle et reste forte malgré l’évolution sociologique : les habitants qui s’installent dans ces quartiers sont de plus en plus hétérogènes, de plus en plus d’origine urbaine ce qui était moins le cas il y a 15 ou 20 ans lorsque les populations qui s’installaient en périphérie étaient des primo-arrivants des zones rurales, se regroupant en fonction de leurs zones géographiques d’origine avec des habitudes de mobilisation collective.

Le Projet de Développement Durable de Ouagadougou PDDO (phase 1 et 2), financé par l’AFD et appuyé par l’Agence d’Urbanisme de Lyon a eu notamment pour but de mettre en place des centralités secondaires dans l’agglomération, identifiées par le Plan d’Occupation des Sols de Ouagadougou. Ces 7 centres secondaires d’équipements visent à apporter certains services aux populations afin de leur éviter de se déplacer vers le centre-ville. Il est prévu que ces centres deviennent des hubs de transports en commun avec gares routières et des liaisons radiales vers le centre-ville. Il s’agit de les rendre attractifs afin qu’ils contribuent à une déconcentration bien nécessaire qui permet de limiter les déplacements périphérie – centre-ville.

La question de l’évolution des relations entre les populations et les autorités locales (municipales et étatiques) autour des questions de restructuration des quartiers et d’aménagement, le dialogue et les négociations entre ces acteurs a été évoquée ainsi que les méthodes et démarches qui permettent aux autorités publiques d’utiliser et de prendre en compte les dynamiques sociales de ces quartiers et de s’appuyer dessus.

La faiblesse des politiques publiques foncières reste un problème majeur. Les citadins achètent des terrains toujours plus loin en périphérie et la spéculation foncière est forte.

Un cadre d’intervention stratégique pour la résorption de l’habitat spontané existe mais rencontre des difficultés pour être appliqué. Les communes doivent l’adapter à leur contexte local et le mettre en œuvre. Du fait de leurs ressources limitées et d’une faible appropriation de cette stratégie, les résultats sont encore limités.

Le sujet complexe de la restructuration des quartiers non lotis, de la maitrise de l’expansion urbaine est toujours d’actualité depuis une quarantaine d’années. Ces problèmes ne peuvent trouver d’issue dans un contexte de faible autonomie fiscale des collectivités et en l’absence de profonds changements dans les politiques de mobilisation des ressources intérieures, en particulier pour les impôts fonciers.

Documents

Enregistrement audio

(accessible uniquement aux adhérents)