Compte rendu du dîner débat du 4 juillet 2006

Coopération décentralisée : partenariat collectivités locales et bailleurs de fond

Résumé des échanges du dîner débat

La coopération décentralisée est une pratique jusqu’à aujourd’hui assez méconnue et peu reconnue des bailleurs multilatéraux. Elle l’est davantage des bailleurs bilatéraux, notamment de l’AFD, qui s’appuie de plus en plus sur elle pour accompagner ses projets.
Sauf exception, ces deux mondes parallèles, bailleurs et collectivités, ne se connaissent que relativement mal. Pourtant les bailleurs, y compris la Banque Mondiale, reconnaissent que la croissance des villes dans le monde et la nécessaire implication des élus locaux et des populations dans les projets urbains les conduit à rechercher, au nord comme au sud, l’appui de praticiens des collectivités pour aider la prise de décision, accompagner les projets, et renforcer la maitrise d’ouvrage des villes du sud.
Cependant, comme toutes les villes, les villes du sud ont besoin de l’emprunt pour se développer, et même si la décentralisation progresse dans de nombreux Etats, la Banque Mondiale continue de contracter avec les Etats et non les villes (sauf via la SFI/IFC, dans les pays émergents, avec les collectivités dites solvables).

L’AFD franchit peu à peu le pas et, par des prêts « non souverains », commence à prêter à des villes du sud, ce qui favorise le partenariat avec des coopérations décentralisées en cours.
Les attentes des villes du sud aujourd’hui semblent plus porter sur un appui dans les définitions de leurs stratégies urbaines (projet global, modalités de pilotage, partenariat public privé …), que sur la recherche de solutions purement techniques.
Les bailleurs apprécient donc le soutien des cadres des collectivités du Nord, notamment dans la durée, pour éclairer ces stratégies des villes du sud (ex : Cities Development Strategies de Cities Alliance), préparer les projets, faciliter leur acceptation locale et accompagner leur suite ….mais ils attendent d’eux une plus grande connaissance des problématiques des villes du sud : le bon praticien étant celui qui connaît les problèmes des villes du nord comme des villes du sud…
La question de la formation des cadres des collectivités du Nord aux problématiques urbaines des villes du sud est donc importante.
Les bailleurs ont en fait besoin des 2 profils de professionnels : l’expert, le consultant du Bet, et le praticien, le cadre de collectivité du nord; le premier pour des expertises, souvent de courte durée, le deuxième pour une assistance à la maitrise d’ouvrage dans les services courants des villes du sud sur la longue durée.
Se pose alors la question de la disponibilité et du financement de la mobilisation de ces cadres dans la durée ?
Sujet d’actualité qui ne fait pas l’unanimité : les bailleurs considèrent que c’est l’apport des collectivités du nord dans les projets, les collectivités appellent à un financement ad hoc des bailleurs, arguant du fait qu’elles doivent référer de leurs dépenses de personnel auprès de leurs électeurs.

Quelles sont les conditions d’un « triangle vertueux », d’un partenariat de travail efficace entre bailleurs et collectivités du nord / collectivités du sud dans le cadre de la coopération décentralisée ?

… si du moins les collectivités cherchent à donner de l’envergure à leur coopération commune, (notamment au-delà de l’apport sur le « soft ») par une assistance à maitrise d’ouvrage appuyée sur des réalisations de projets, et donc sur des financements conséquents des bailleurs …?

Pour les uns, dans un premier temps, les collectivités doivent accepter de s’intégrer dans les projets des bailleurs.
Pour les autres, le bon triangle vertueux doit se former dès l’amont des projets, en parlant d’argent dès le début, chaque partenaire étant appelé à contribuer d’une façon ou d’une autre.
Mais le plus souvent les collectivités du nord sont présentes avant et après le projet du bailleur ; elles ne peuvent donc être simple prestataire des bailleurs.
Ces triangles vertueux à rechercher dans la coopération décentralisée ne peuvent ignorer la relative confusion des coopérations de toutes sortes qui appuient une ville du sud : coopérations d’ONG auprès de la société civile, coopérations entre Etats concernant cette ville, coopérations de ville à ville …le tout souvent avec ignorance de ce que font les autres, doublons et même concurrences sur certaines villes du sud alors que d’autres sont totalement délaissées.
Sans doute, les acteurs de la coopération décentralisée, collectivités comme bailleurs demain, sont bien placés pour contribuer à partager l’information et répartir les rôles sur l’entrée territoriale qu’est la ville. Les réseaux comme CGLU peuvent grandement contribuer à cette clarification entre partenaires comme au partenariat entre bailleurs et collectivités.
La coopération décentralisée constitue aujourd’hui, sans nul doute, une forme d’action d’avenir, proche des décideurs locaux et pragmatique, ou les maires parlent aux maires et les techniciens aux techniciens.
Les bailleurs en prennent conscience progressivement mais les conditions multiples du partenariat sont encore à clarifier, notamment au travers des expériences en cours, que ce soit celles de l’AFD ou celles de la Banque Mondiale par Cities Alliance…