Compte rendu du dîner débat du 4 juillet 2006

Quel est l’apport des cadres des collectivités locales dans le partenariat avec les bailleurs ? Quelle place pour les consultants et les BE dans ces dispositifs ?

Qui sont les cadres de collectivités qui font la coopération décentralisée ?
Comment sont-ils formés ?
M. Pipien explique qu’une enquête a été menée auprès des maires des grandes villes du pourtour méditerranéen pour connaître leurs attentes :
Ce qui les intéresse tout particulièrement, c’est une aide en matière de planification, de programmation, de stratégie à long terme.
Puis viennent des besoins en terme de gestion de l’administration, et enfin seulement les questions plus précises sur des domaines identifiés, comme l’adressage et la fiscalité, les déchets, mais moins sur l’aspect technique que sur les modes de pilotage des services concernés : enjeu de maîtrise d’ouvrage, d’ordre plus politique (partenariat public privé ou pas, régie ou pas, enfin, modalités d’association des habitants…
On peut donc en conclure qu’il y a un réel apport des collectivités du nord qui ont des compétences sur les attentes du sud.
Une mobilisation longue durée est nécessaire pour mettre en place par exemple des actions de compagnonnage, de formation-action… Le problème se pose alors de la disponibilité du personnel.
Les collectivités doivent mener un véritable management de leurs cadres pour la mobilisation de leurs services dans leurs actions de coopération. L’enjeu est donc d’aider les collectivités du nord à professionnaliser leur réponse, à mettre en place des banques de données, des réseaux, des chartes, des formations….
M. Paulais souligne que le « cadre » de la collectivité du nord, vraiment compétent en coopération décentralisée est celui qui connaît à la fois son sujet dans le contexte d’une ville du nord et d’une ville du sud. Cette double connaissance est et sera à l’avenir indispensable pour bien assister une ville du sud dans ses choix.
Sur la question du « qui paie « les cadres des collectivités du nord mobilisés en coopération, il précise que les collectivités françaises, engagées dans une coopération décentralisée, peuvent partager avec l’ Etat à 50 / 50 leurs couts de coopération

Enfin, y-a-t-il concurrence entre les cadres des collectivités et les experts des Bet ?

Certains bailleurs font appel à des cadres des collectivités pour faire des économies mais cette approche a selon lui, un intérêt limité à l’échelle des projets.
Les bailleurs ont en fait besoin des deux profils : ils ont toujours besoin des experts des Bet pour des expertises ou des études ponctuelles ou limitées dans la durée, et ils ont besoin de l’assistance à maitrise d’ouvrage des cadres des villes du nord, sur la longue durée …
Le marché de l’AMO auprès des villes du sud, assuré essentiellement auparavant par les BET, a donc tendance à être pris par les praticiens des collectivités, même si les bailleurs reconnaissent que travailler avec les cadres des collectivités est plutôt plus compliqué qu’avec les consultants, notamment en termes de disponibilité, de connaissance des procédures des bailleurs …
M. Malécot note qu’il y a un réel besoin de savoir quelles collectivités travaillent sur quels sujets et avec quels cadres, quels partenaires et quels financements. Dans ce dernier domaine, il propose que les 10% du budget des projets des bailleurs réservés généralement pour financer le soft puissent être utilisés notamment pour payer les cadres des collectivités.

Echanges avec la salle

M. Crépin souligne les problèmes d’acceptation des collectivités du nord à mobiliser leurs cadres sur les villes du sud.
Monsieur Gérard, de son côté, soulève les questions de compétences, de capacité d’adaptation (dans des contextes très différents), des cadres des collectivités du nord.
P. Berger note qu’il y a un réel besoin de formation pour les cadres des collectivités du nord sur des problématiques urbaines des villes du sud. Il suggère que le CNFPT mette en place des formations techniques (au-delà de ce qu’il fait déjà pour former l’encadrement de la coopération) pour les cadres territoriaux, le cas échéant en tirant bénéfice de la grande expérience des villes du sud accumulée par certains consultants.
M. Godard souligne la nécessaire expérience confirmée et bivalente des cadres territoriaux pour répondre aux besoins des villes du sud : « le bon expert est celui qui connaît les problèmes de tuyaux à Rennes comme à Ouagadougou ». (Importance de l’adaptation contextuelle)
Quelqu’un fait remarquer que les collectivités proposent des techniques et des choix déjà rodés, alors que les experts font preuve de plus d’imagination !
M. Faure soulève l’intérêt qu’ont les collectivités locales à mobiliser les professionnels locaux (pôle de compétence) pour de l’expertise dans le cadre de leur coopération décentralisée. Ch-H. Malécot confirme que cette formule fait partie des objectifs du Grand Lyon.
M. Arnaud trouve tout naturel que les cadres des collectivités françaises, qui, au travers de la coopération décentralisée, prennent le relais de la coopération nationale, soient mobilisés sur les villes du sud.