Bulletin n°116

Autorités portuaires et transition énergétique

© Yann Alix

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Le continent africain représente moins de 3 % des émissions de gaz à effet de serre alors qu’il pèse aussi pour moins de 3 % dans l’ensemble des échanges maritimes internationaux en 2021. Les ports africains comptent pour environ 2 % des manutentions portuaires conteneurisées, ce qui n’empêche pas les autorités portuaires d’agir pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations-Unies. Lors du 42e congrès annuel de l’association de gestion des ports de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) en novembre 2022 à Luanda, trois questionnements, trois tendances et trois perspectives ont été unanimement identifiés par les directeurs généraux des autorités portuaires.

Les trois questionnements
Les autorités portuaires sont toutes conscientes et ont toutes pris leurs disponibilités pour que la transition climatique et la décarbonation des activités portuaires deviennent des réalités opérationnelles. Elles travaillent à partir d’audits environnementaux et de diagnostics qui éditent des feuilles de route pour accompagner la réduction de la consommation électrique, la maitrise des émissions carbonées, l’usage progressif des énergies renouvelables.

Toutefois, on a relevé le manque d’implication des pouvoirs publics pour instaurer des trajectoires nationales. Il en ressort trois questionnements édifiants :

  • quels rôles mais aussi quelles responsabilités de l’autorité portuaire dans la transition énergétique des ports ?
  • quels modèles d’affaires liés aux ambitions de décarbonation portuaire ?
  • quels moyens et leviers économiques pour financer une transition écologique efficace et durable ?

© Yann Alix

Les trois tendances
Les retours d’expériences ont révélé trois principales tendances :

  • malgré le cadre partenarial AGPAOC/Banque mondiale sur le développement durable, dont une charte a été validée par les autorités portuaires en 2021, l’élaboration d’une vision stratégique intégrée manque encore pour structurer des programmes et justifier des actions durables qui permettraient d’atteindre les objectifs annoncés dans les audits ;
  • la difficulté de recruter des experts et de former les personnels portuaires en place pour accompagner cette transformation radicale liée aux conséquences de la décarbonation du transport maritime et de la chaine logistique internationale ;
  • la difficulté de coordonner des approches communautaires (Guillaumet, 2022).

Les trois perspectives
Les autorités portuaires ont esquissé trois perspectives principales qu’il convient de suivre pour que la transition énergétique s’accélère et se matérialise par de véritables résultats opérationnels :

  • l’engagement des acteurs privés (armements maritimes, opérateurs de manutention, logisticiens, transporteurs, chargeurs, etc.) doit être encouragé et même stimulé par les pouvoirs publics africains;
  • la cartographie des technologies du futur pour rendre le transport et la gestion portuaire plus propres doit être incluse dans les veilles techniques et stratégiques des autorités portuaires ;
  • l’amélioration du suivi de l’impact des actions mises en oeuvre par les ports avec des méthodologies adaptées aux spécificités portuaires africaines.


Yann Alix, délégué général, fondation Sefacil,
Philippe Guillaumet, expert portuaire international,
Jean-Marie Koffi, AGPAOC.