Bulletin n°115

Répères

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Le monde des communs, les communs du monde

Partout dans le monde, le retour des biens communs, observé depuis la fin du XXe siècle, impose un nouveau rapport à la propriété. Que l’approche soit économique, politique, juridique ou sociale, elle questionne la participation des citoyens, à l’échelle locale comme planétaire.

En convoquant l’histoire, on observe comment, de tous temps, les communs ont fait l’objet de rapports de force entre les puissances privées et les simples travailleurs de la terre et de la mer. En convoquant la géographie, on constate que pour faire vivre et perdurer un bien commun, sous toutes les latitudes, ses usagers se heurtent à d’infinies difficultés administratives. Et de ce point de vue, l’implication de la collectivité publique est incontournable pour la réussite des projets de communs.

À ce propos, relevons, en suivant Benjamin Coriat, que biens communs et biens publics ne sont pas superposables (Biens publics ou biens communs mondiaux ? AOC, 9 février 2022). Les derniers sont là, en quelque sorte, simplement pour pallier les défaillances du marché quand les premiers inventent de nouveaux modes de faire. Cependant, sur le terrain, on voit bien que les frontières sont floues et que les équilibres sont toujours en mouvement. Comme le fait remarquer Christian Laval, le commun est un projet plutôt qu’un objet.

En matière urbaine, selon Éric Denis et Claire Simonneau, il se définit par le triptyque participation des habitants / sécurité foncière à long terme / prix du sol et du logement. Mais réussiront-ils à freiner la financiarisation des villes ? Dans un récent ouvrage collectif financé par l’AFD, (Communs fonciers pour des villes inclusives), les deux auteurs montrent comment les dynamiques de communs ont parfois du mal à perdurer.

Parce qu’il remet en cause notre système économique basé sur une exploitation illimitée des ressources de la planète que l’on sait limitées, le mouvement des communs constitue un levier pour la transition écologique. Ainsi par la sobriété d’usage et la solidarité qui les caractérisent, les communs peuvent beaucoup. Encore faut-il leur conférer une place institutionnelle à la hauteur des enjeux qu’ils portent.

M. Durand