Bulletin n°113

Repères : le paysage et la ville

Mounia

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Étymologiquement, le terme de paysage est associé à la notion de pays: c’est « l’étendue du pays que l’on voit d’un seul aspect ». Le paysage fait donc appel aux sens et, par extension, à la sensibilité du promeneur, du voyageur ou du contemplatif. Suivant cette observation, l’individu perçoit des fragments du territoire. Une relation émotionnelle se noue entre l’homme et l’espace qu’il observe et analyse.

Par extension, l’expression artistique permet de faire évoluer le concept, de la sensibilité à la subjectivité de cette représentation contemplative: le paysage devient alors un objet constitutif de la peinture. Arrière-plan de scènes de la vie quotidienne, vue large de grandes étendues, le thème du paysage ne va pas cesser de se renouveler au gré des courants artistiques. Il demeurera l’un des grands sujets de la peinture et, plus tard, de la photographie.

Parallèlement, le « paysage » évolue comme la société qui s’industrialise. Le rapport au territoire change. La notion se transforme d’un aspect statique à un aspect dynamique, avec l’introduction d’un « séquençage » de paysages. Le paysage se modèle sous l’effet de l’action des hommes qui s’approprient l’espace en l’urbanisant, l’étirant et le transformant. Dans le même temps, la littérature prend le relais pour décrire les effets et les travers du paysage urbain qui s’invente (Cf article de Françoise Chenet-Faugeras, L’Invention du paysage urbain, revue Romantisme, n° 83). Dickens, Zola ou Gorki ont dépeint les quartiers sordides européens. Plus récemment, sur les villes en développement, Mabanckou, Trouillot, Tchak ont pris le flambeau en convoquant les paysages urbains des quartiers.

Le renouveau d’intérêt pour « faire la ville à la campagne », comme le suggérait Alphonse Allais, et le changement climatique remettent sur le devant de la scène la question paysagère et changent la donne. La préoccupation pour le paysage accompagne l’ambition de recréer une qualité de vie urbaine dans les villes qui concentrent, depuis 2007, plus de la moitié de la population et subissent une croissance exponentielle.

B. Michelon